Bitcoin Cash, née d’un fork de Bitcoin en 2017, fait partie des cryptomonnaies les plus importantes en termes de capitalisation boursière.
Avec une communauté particulièrement mouvementée, sa blockchain s’est scindée à plusieurs reprises, donnant naissance à de nouveaux jetons.
L’année 2020 a vu l’aube d’un nouveau fork.
Anecdote
Le réseau Bitcoin Cash effectue des mises à jour de protocole deux fois par an, le 15 novembre et le 15 mai. Cette feuille de route stricte vise à atteindre les objectifs ambitieux de la communauté dans les délais fixés. C’est pourquoi, les deux derniers hard fork tombent tous les deux le 15 novembre.
En août 2017, la communauté de Bitcoin se scinde en deux. Au moment où le prix atteint son point culminant, un hard fork divise la blockchain de Bitcoin pour donner naissance à Bitcoin Cash.
Bitcoin Cash est né dans le but de combiner la rareté de Bitcoin avec la possibilité de dépenser de l’argent. Avec une offre totale limitée à 21 millions de pièces, Bitcoin Cash est anti-inflationniste et, étant de l’argent physique, peut être facilement dépensé.
Les très faibles commissions favorisent en effet les microtransactions, comme par exemple, celles utilisées pour soutenir les créateurs de contenu.
Pour bien comprendre le projet qui se dissimule derrière Bitcoin Cash, voyons les événements qui ont conduit à son origine.
Anecdote
Le mot « Cash » fait précisément référence au fait que son objectif est de devenir une forme de devise mondiale destinée à des paiements rapides avec micro-commissions.
Au-delà des limites de Bitcoin
Bien que Bitcoin reste la cryptomonnaie la plus importante, elle présente des lacunes techniques indéniables. La plus limitative est certainement sa faible évolutivité.
La taille de ses blocs n’était à l’origine que de 1 Mo, permettant environ cinq transactions par seconde. Ce seuil réduit le nombre d’échanges que le réseau peut gérer et prolonge les délais de traitement des transactions.
Initialement, la limite de 1 Mo avait été fixée pour réduire la possibilité de spams ou d’attaques DDos. En raison du faible nombre de transactions réalisées, ce seuil n’a pas eu d’impact négatif sur l’efficacité du réseau.
Toutefois, avec l’agrandissement de la communauté Bitcoin, ce seuil a entraîné une surcharge du réseau et une accumulation de blocs. En mai 2017, une transaction pouvait prendre jusqu’à quatre jours pour être confirmée.
Les utilisateurs qui choisissaient d’accélérer le processus de confirmation devaient payer des frais de transaction importants. Mais pour les petits montants, ces commissions étaient insensées, rendant Bitcoin peu pratique et décourageant son utilisation.
Les premières solutions adoptées par la communauté Bitcoin
En 2017, lorsque les problèmes ont atteint leur point culminant, la communauté Bitcoin a proposé deux solutions : Bitcoin Unlimited et Segregated Witness (SegWit).
Bitcoin Unlimited
Il s’agit d’un outil pour aider la communauté Bitcoin à trouver un consensus sur la limite de la taille des blocs.
En effet, Bitcoin Unlimited permet aux utilisateurs de choisir la taille de bloc qu’ils préfèrent, et de trouver celle établissant un consensus. Il ne s’agit donc pas d’un fork mais d’un outil pour augmenter la taille des blocs sans impliquer de division de la blockchain.
Les mineurs y étaient favorables, d’autant plus que cela entraînait une augmentation des commissions de transaction. Les développeurs par contre avaient un avis différent. Augmenter la quantité de données incluses dans chaque bloc aurait rendu leur traitement plus difficile pour les utilisateurs individuels, favorisant donc les pools de minage. Autrement dit, Bitcoin Unlimited impliquait un risque de centralisation lente mais inexorable de Bitcoin.
Au bout du compte, la majorité de la communauté décida de ne pas adopter cette solution, et elle fut donc rejetée.
Le projet n’a été repris qu’en 2020, mettant en œuvre le nœud complet Bitcoin Unlimited dans le protocole Bitcoin. Cela a permis aux mineurs de configurer la taille des blocs validés selon leurs besoins. Dès qu’un bloc de plus d’un mégaoctet est extrait, tous les mineurs suivent la chaîne contenant ce gros bloc.
Segregated Witness
La deuxième alternative, Segregated Witness, a été proposée par le Dr Pieter Wuille. Elle consiste à augmenter la limite de bloc à un peu moins de 4 Mo, permettant ainsi de réduire les coûts des transactions.
Cette solution est un soft fork adopté en août 2017 comme la première phase du plus vaste « Accord de New York ».
La deuxième phase de l’accord était censée être l’adoption de SegWit2x via un hard fork.
Ce protocole a permis d’augmenter la taille des blocs de 1 Mo à 2 Mo et aurait entraîné une modification des règles régissant Bitcoin.
En novembre 2017, cependant, l’annonce d’un nouveau hard fork, Bitcoin Cash, a remis en cause l’utilité de SegWit2x, et le lancement a été annulé.
L’Accord de New York
Le 23 mai 2017, un groupe d’entreprises et de mineurs ont annoncé qu’ils étaient parvenus à un compromis entre Segregated Witness et l’augmentation de la taille des blocs. Ce compromis est connu sous le nom d’Accord de New York et est divisé en deux phases : SegWit et SegWit2x.
La naissance de Bitcoin Cash
C’est à partir de ce moment-là que le sort de Bitcoin a été mis entre les mains d’un ancien ingénieur de Facebook, Amaury Séchet.
Le 1er août 2017, lors de la conférence Future of Bitcoin aux Pays-Bas, il annonce la première implémentation de Bitcoin Cash, qu’il appelle Bitcoin ABC.
Par cette annonce, Séchet et son équipe de développeurs voulaient proposer une alternative définitive à SegWit2x. En prenant des tailles de bloc jusqu’à 8 Mo, ils espèrent un jour rivaliser avec le volume de transactions des géants de l’industrie comme PayPal et Visa.
Selon eux, ces changements fondamentaux sur le plan technique étaient le seul moyen d’amener Bitcoin à un public mondial.
C’était donc un changement très radical, qui nécessita un hard fork. L’évènement fit de Bitcoin Cash une nouvelle cryptomonnaie indépendante, basée sur une nouvelle blockchain.
Un grand nombre d’investisseurs, d’entrepreneurs et de mineurs basés en Asie ont soutenu Séchet et le hard fork a été réussi : Bitcoin Cash est né.
En raison de la séparation, les personnes ayant déjà des bitcoin ont reçu la même quantité de jetons Bitcoin Cash dans un nouveau portefeuille.
Hard Fork
Dans la mesure où la plupart des blockchain sont open-source, tout membre de la communauté peut proposer des modifications pour améliorer leur fonctionnement. Lorsque la modification implique des changements très radicaux dans le protocole, au point que celui-ci ne soit plus compatible avec les versions précédentes de la blockchain, on procède alors à un hard fork. Cette division implique la génération d’une nouvelle blockchain et d’une nouvelle cryptomonnaie.
Un succès inattendu
Le hard fork Bitcoin connaît un immense succès et est rapidement adopté par les investisseurs. Et c’est après seulement un jour qu’il devient la troisième cryptomonnaie par capitalisation boursière, après Bitcoin et Ethereum.
Même Roger Ver, également connu sous le nom de Bitcoin Jesus, fait partie des plus grands partisans et investisseurs de Bitcoin Cash. Outre être un investisseur de renom, ainsi que l’un des premiers acheteurs de Bitcoin, il est également le PDG de Bitcoin.com et l’un des cinq fondateurs de la Bitcoin Foundation. Il croit néanmoins aveuglément au projet Bitcoin Cash.
Dans une interview avec Cointelegraph, il affirme que:
Le fork de 2018, entre orthodoxie et innovation
L’orthodoxie de Bitcoin SV
En 2018, Bitcoin Cash fait l’objet d’un nouveau hard fork qui conduit à la naissance de Bitcoin SV (Satoshi Vision).
Le nom fait allusion à un prétendu désir de revenir aux origines. La faction orthodoxe de la communauté est dirigée par Craig Wright. Un entrepreneur australien, étroitement lié à la création de Bitcoin SV, qui affirme (bien évidemment) être Satoshi Nakamoto, et entend rester fidèle aux objectifs exprimés dans le Whitepaper de Bitcoin.
Amaury Séchet n’a mis que deux ans pour construire un mouvement sécessionniste, avec une vision complètement différente du projet original.
Amaury Séchet contre Roger Ver : un nouveau hard fork
Bitcoin Cash ABC
C’est au début de l’année 2020 qu’Amaury Séchet, lassé d’être sous-payé, propose une taxe de sécurité de 8 %, baptisée IFP, Infrastructure Funding Proposal, pour financer les développeurs de Bitcoin Cash.
Ce changement de protocole aurait provoqué un deuxième hard fork, cette fois-ci dans la blockchain Bitcoin Cash, conduisant à la naissance d’une nouvelle cryptomonnaie : Bitcoin Cash ABC.
Bitcoin Cash Node
Roger Ver, quant à lui, s’est prononcé contre la taxe et, avec une partie de la communauté BCH, a créé un anti-fork appelé BCHN, Bitcoin Cash Node, sans IFP.
Ces conflits ont conduit à un hard fork qui a divisé Bitcoin Cash en Bitcoin Cash Node et Bitcoin Cash ABC en date du 15 novembre 2020.
BCHN avait le soutien de la majorité des mineurs et Bitcoin Cash s’est donc retrouvé sans IFP, effectuant donc une mise à jour normale.
Le prix de Bitcoin Cash
En août 2017, au moment de son lancement, Bitcoin Cash valait environ 500 $ avec de nombreuses fluctuations entre 200 $ et 600 $ durant dans les mois suivants. En novembre de la même année, tout comme les autres cryptomonnaies, il atteint un pic à 1 812 $. Toutefois, le prix maximum est atteint en décembre, avec 4 355,62 $.
Il commence ensuite à baisser pour atteindre son prix le plus bas de 63,39 $ en fin 2018.
À ce jour, il oscille autour de 500 $.
Bitcoin Cash après le fork
Les partisans de Séchet ont probablement abandonné Bitcoin Cash face à la perte de leur faction. D’un autre point de vue, le bruit causé par l’évènement impliquait certainement de nouveaux utilisateurs potentiels de Bitcoin Cash.
La véritable force de cette cryptomonnaie déjà fragmentée devra cependant être vérifiée avec le temps.
Presque un an après le fork, en juillet 2021, la faction perdante, Bitcoin Cash ABC est à la 217e place du marché et annonce un changement : elle s’appellera désormais eCash (XEC). ECash adoptera la preuve d’enjeu (PoS), n’aura que 2 décimales à l’instar des monnaies fiduciaires et prendra en charge la technologie d’Ethereum qui permet le développement de contrats intelligents, avec l’intention d’entrer dans la DeFi.