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The Graph : l’archiviste de la blockchain pour le Web3

23 février, 2022

8 min

The Graph : l’archiviste de la blockchain pour le Web3
débutant

The Graph est un protocole et un réseau permettant d’indexer les données de la blockchain. Il a notamment été créé pour résoudre les problèmes liés au développement de Dapp sur Ethereum, qui obligent à trouver très rapidement des données précises.

The Graph

Qu’est-ce que l’indexation

En bref, l’indexation est l’ensemble des solutions qui permettent de retrouver rapidement des données.

L’index des livres donne un bref aperçu des informations contenues, nous permettant de sauter aux pages que nous voulons consulter. De même, dans le domaine de l’informatique, les index de bases de données permettent d’accélérer la recherche des données nécessaires au fonctionnement des logiciels.

Le terme spécifique pour ce type de recherche est « requête », (ou query) et sera utile plus tard. La requête indique l’action de l’utilisateur « d’interroger » la base de données via du code ou avec des mots-clés pour obtenir des informations.

Google fait une chose de similaire, indexant les pages Web et permettant aux utilisateurs de trouver rapidement ce qui les intéresse le plus.

Les blockchains ont connu une croissance spectaculaire non seulement en termes de nombre de projets, mais également en termes de données et de chronologie. Aujourd’hui plus que jamais, elles ont besoin de protocoles comme The Graph, qui accélèrent la recherche et l’utilisation des données analytiques disponibles sur les différentes blockchains.

Comment est né The Graph

Le projet a été initié par trois passionnés d’Ethereum qui avaient collaboré avec plusieurs startups : l’ingénieur électricien Yaniv Tal, l’informaticien Jannis Pohlmann et le spécialiste en robotique Brandon Ramirez.

Commençant à développer leur code sur Ethereum en 2017, les trois ont été débordés par la quantité de données à disposition des développeurs, qui pourtant n’étaient en rien organisées. Il était facile de développer des smart contracts et de les exécuter individuellement, mais la création de dApps complexes avec des interfaces faciles à utiliser nécessitait beaucoup de données autres que la blockchain. Étant donné que ces données devaient être recherchées dans l’ensemble de la blockchain non indexée, le chargement de la dApp s’est avéré très lent.

Comment rechercher des données sur la blockchain sans indexation ? À partir du bloc de genèse et en analysant chaque transaction contenue dans chaque bloc. Si l’on compte qu’Ethereum à lui seul compte des millions de blocs, la recherche peut prendre du temps.

En plus de cela, tous les explorateurs de blockchain les plus populaires, comme Etherscan pour Ethereum, sont des entreprises et donc des systèmes centralisés, dont le logiciel est closed source. Cela empêche les développeurs sans licence d’en créer de meilleures versions sans avoir à écrire un nouveau programme à partir de zéro.

Les 3 développeurs ont commencé à travailler sur le whitepaper pour résoudre tous ces problèmes et l’année suivante, en 2018, ils ont annoncé le projet The Graph.

En 2020, la prévente du token GRT a attiré un certain nombre de fonds dirigés par DCG et Coinbase Ventures, et la même année, une ICO publique a été lancée.

Comment fonctionne The Graph

En résumé, The Graph a une solution pour atteindre 3 objectifs :

  1. Accélérer les performances des dapps qui nécessitent des données spécifiques sur la blockchain
  2. Décentraliser les moteurs de recherche sur la blockchain
  3. Décentraliser les outils de développement et les API des dApps, facilitant le développement d’autres dApps

La première partie de la solution est le langage.

Habituellement, pour gérer et communiquer avec une base de données, le langage le plus courant est SQL, Structured Query Language. The Graph, quant à lui, utilise un langage de requête développé à l’origine par Facebook pour interroger les données de systèmes tels que Ethereum et IPFS : GraphQL. L’avantage de ce langage est sa flexibilité. En effet il permet de préciser le sujet qui nous intéresse et les critères de recherche à suivre.

Les données disponibles sur The Graph sont organisées en « subgraphs » et chaque subgraph peut inclure d’autres subgraphs. Chaque Dapp peut publier sa propre API dans son propre subgraph, et également utiliser celui d’autres Dapps.

Le token GRT

Le réseau The Graph peut être défini comme une marketplace pour les requêtes. En effet l’utilisation des données n’est pas gratuite car la curation de nouveaux ensembles de données et l’indexation sont de véritables tâches confiées à des personnalités spécifiques.

Sur cette marketplace des données, le besoin d’un token et d’une tokenomique forte est évident. L’ERC-20 et l’utility token GRT répondent à ce besoin, qui sera également utilisé à l’avenir pour une gouvernance décentralisée.

Les participants à The Graph

Les deux figures clés du réseau sont les Indexers et les Curators.

  • Indexers – nœuds qui maintiennent et effectuent l’indexation en implantant des tokens GRT. Pour leurs services, ils reçoivent des commissions et des récompenses en GRT. Les GRT mis en staking ont une période de blocage avant de pouvoir être récupérés et en cas de comportement malveillant des indexers, ils peuvent être supprimés par slashing.
  • Curators – il peut s’agir d’utilisateurs ou de développeurs qui s’occupent de signaler de nouveaux subgraphs de qualité pouvant être utiles à l’écosystème. Les curators doivent déposer des GRT et générer des « parts » proportionnelles des subgraphs qu’ils souhaitent promouvoir. Ils recevront ainsi un pourcentage des commissions versées par les consommateurs pour utiliser les subgraphs. Par conséquent, les curators gagnent davantage à promouvoir un subgraph qui a une forte probabilité de succès et de demande. Cela encourage la proposition de contenus de qualité.

Parmi les contributeurs au réseau, on peut noter deux figures mineures :

  • Les fishermen, qui vérifient l’exactitude de la réponse du protocole aux requêtes. Nous rencontrons également une figure du même nom sur Polkadot.
  • Les arbitrators, qui vérifient la légitimité des indexers.

Passons aux personnalités les plus proches de la perspective du « client », qui ne sont pas tenues d’avoir des compétences techniques :

  • Les delegators sont ceux qui délèguent leurs GRT aux indexers afin de recevoir une partie de leurs récompenses de staking.
  • Les consumers sont naturellement des consommateurs, c’est-à-dire ceux qui interrogent (via une requête) les subgraphs en payant la contribution des indexers, delegators et curators. Le prix de ce service est déterminé conjointement par tous les participants à l’échange.
The Graph

L’écosystème de The Graph et les cas d’utilisation

Passons au côté pratique : qu’est-ce que The Graph a conclu sur toutes ces promesses ?

Tout d’abord, il est possible de consulter de visu tous les susbgraphs grâce à l’explorateur disponible sur cette page.

La solution est utilisée par des Dapps connus sous le nom d’Uniswap, Decentraland, Synthetix et ENS.

En plus de cela, en version bêta, le protocole est également disponible pour la couche 2 d’Ethereum et la blockchain L1 comme BNB, Avalanche, Fantom, Near et xDai.

La première dapp construite sur The Graph est Everest, un registre de projets pour le Web3 édité et mis à jour par les membres de la communauté. Les projets de toutes les blockchains et de tout type peuvent être inscrits sur le registre : DAO, Dapp, fonds, associatif, projets de recherche, etc.

Nous n’en sommes qu’au début : The Graph a un vaste potentiel d’application. Pense par exemple à un agrégateur de marketplaces NFT – The Graph te permettrait de fournir des données de marché de toutes sortes à partir de toutes les marketplaces en temps réel.

The Graph fait un bond en avant dans une tendance lancée par des projets tels que Storj et IPFS, et d’autres protocoles qui visent à fournir un espace de stockage décentralisé comme alternative aux fournisseurs de cloud tels que Google et Amazon.

Dans cette mer de données distribuées, The Graph est la boussole.

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