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Tokenomics : comment fonctionne l’économie des tokens

17 septembre, 2021

9 min

Tokenomics : comment fonctionne l’économie des tokens
débutant

La Tokenomics est l’économie des jetons (tokens), ce domaine naissant qui étudie les modèles économiques des cryptomonnaies dans leurs écosystèmes. En d’autres termes, il s’agit d’appliquer les principes de la politique monétaire aux actifs natifs de la blockchain. 

La Tokenomics d’un projet est essentielle pour comprendre son niveau de décentralisation et ses possibilités de croissance.

La différence entre token et coin

Avant tout, commençons par clarifier la différence entre token et coin.

Un coin (pièce de monnaie, ou token de layer ou couche 1) est une cryptomonnaie native de la blockchain sur laquelle elle se base, par exemple bitcoin pour Bitcoin ou éther pour Ethereum.

Un token (ou token de layer 2), en revanche, repose sur une blockchain extérieure à son projet. Par exemple, tous les ERC-20 sont des jetons qui utilisent la blockchain d’Ethereum, mais qui alimentent leur propre réseau au lieu de celle d’Ethereum

La Tokenomics concerne ces deux types de cryptomonnaies, et les aspects qu’elle traite sont :

  • L’offre et la valeur
  • La distribution
  • L’inflation ou la déflation
  • Les cas d’utilisation

Offre et valeur

La capitalisation boursière (market cap) nous donne une idée plus précise de ce qu’est la valeur réelle d’une monnaie. Le market cap est le produit entre le prix de la monnaie et son offre circulante, et il exprime ainsi la valeur marchande totale d’une cryptomonnaie. 

Donc deux monnaies ayant le même prix n’ont pas forcément la même valeur.

Une autre valeur à vérifier est le Fully Diluted Valuation (l’évaluation entièrement diluée), qui nous donne une perspective de ce que pourrait être la capitalisation boursière si toutes les monnaies étaient en circulation

Enfin, l’offre maximale nous indique immédiatement si la monnaie pourra augmenter son inflation indéfiniment, ou si une limite qui évite la perte de pouvoir d’achat est déjà programmée.

Ces valeurs peuvent être vérifiées sur des sites comme CoinGeko ou CoinMarketCap, mais les sources les plus précises sont les block explorers, c’est-à-dire des sites qui permettent de visualiser les données d’une blockchain et de ses tokens. Blockchair, par exemple, est un agrégateur de block explorer très pratique car il regroupe pas moins de 17 des blockchains les plus populaires.

Distribution et attribution

En restant sur ces sites, nous pouvons également contrôler la distribution du token entre ses propriétaires.

Sur Etherscan, il suffit de chercher un token ERC-20, puis sélectionner le nom « Holders » pour voir tous les wallets avec leurs soldes respectifs. Pour Bitcoin, on peut se rendre sur btc.com, sélectionner le menu de la monnaie, puis cliquer sur Adresses. Pour Polkadot, elles sont trouvables ici.

S’il y a trop de tokens dans un petit nombre de portefeuilles, il y a le risque que ces whales (baleines) vendent tout leur jetons en un moment, faisant chuter le prix du token.

La distribution et l’attribution des tokens sont des mesures clés de la Tokenomics pour comprendre le niveau de décentralisation et d’éthique du projet. On regarde non seulement comment ils sont distribués maintenant, mais également leur attribution au moment du lancement.

Un lancement équitable voit généralement une petite communauté commencer à miner la monnaie ou à la gagner avec un programme de récompenses basé sur le mérite (BTC, DOGE, LTC). 

Pour Messari, un lancement est juste s’il est rendu public sans avoir d’abord miné plusieurs tokens. 

De plus, leur rapport de février 2021 montre comment les 20 meilleures monnaies lancées de manière équitable ont une performance positive par rapport, par exemple, aux tokens ERC20.

Elles comprennent Bitcoin, Litecoin, Yearn.Finance et SushiSwap.

Un type de lancement controversé est plutôt caractérisé par une offre pré-minée de jetons. Une partie de cette dernière peut être vendue lors d’une phase privée, avant d’être rendue publique, pour disposer des fonds nécessaires à la construction du protocole. Habituellement, une autre part importante de tokens pré-minés est plutôt attribuée aux investisseurs et à l’équipe fondatrice. Une partie plus petite de l’offre est, quant à elle, généralement dédiée à une ICO ou IEO, c’est-à-dire une vente publique.

Tokenomics : comment fonctionne l’économie des tokens

Chaque cryptomonnaie trouve sa place sur le spectre entre la centralisation et la décentralisation en fonction de la façon dont ses tokens sont attribués. 

Un exemple particulier de Tokenomics est Dogecoin, qui était initialement distribué par le biais du mining, et qui voit aujourd’hui une nette concentration de tokens dans un seul portefeuille. On ne connait pas le propriétaire de ce portefeuille, mais l’hypothèse la plus probable est qu’il appartient à l’exchange Robinhood.

Inflation et déflation

L’offre et la façon dont les tokens sont distribués dans le temps déterminent également l’inflation d’une cryptomonnaie. 

Inflation

L’augmentation progressive des prix. Lorsqu’elle est excessive, elle est appelée hyperinflation et entraîne une diminution du pouvoir d’achat de la monnaie. L’hyperinflation est une situation qui se produit lorsque trop de billets de banque sont imprimées, ou lorsqu’une quantité trop importante de nouvelle monnaie fiat numérique est émise.

Modèle à offre limitée

Sous cette notion on trouve Bitcoin, Litecoin et Bitcoin Cash. 

Toutes ces monnaies ont une offre maximale définie et leur taux d’inflation contrôlé est basé sur des mécanismes du mining et du halving.

Le Bitcoin est le meilleur exemple pour commencer. Son offre maximale est de 21 millions de BTC et la distribution de jetons dans le temps est contrôlée par un halving qui se déroule tous les 4 ans. Cela lui permet de maintenir un taux d’inflation « sain ». 

Sa déflation, en revanche, peut être provoquée par un éventuel envoi de bitcoins vers un wallet sans private key connue ou par une perte de portefeuille, mais il s’agit, toutefois, de cas très rares.

Modèle inflationniste 

Les monnaies qui adoptent ce modèle de Tokenomics sont généralement des utility tokens ou jetons utilitaires et incluent Polkadot et Solana.

Dans ce cas, il n’y a pas de limite d’offre maximale. Certains ont une limite annuelle, d’autres se basent sur un programme de diffusion prédéterminé, d’autres encore choisissent de déterminer l’offre en fonction des données de la demande. 

Certains projets, comme Dogecoin, justifient cette absence de limite en déclarant que leur objectif est la stabilité et non l’augmentation des prix.

Les blockchains basées en particulier sur la preuve d’enjeu (PoS), utilisent le staking pour distribuer de la nouvelle monnaie sur le marché de façon méritocratique. Une inflation excessive peut être maîtrisée avec un programme de burn, en évitant la vente de masse, car les participants sont incités à conserver leurs cryptomonnaies pour continuer à recevoir des récompenses.

Modèle en cours de conversion : Ethereum

Avec la mise à jour du 4 août 2021, à la suite de la proposition connue sous le nom d’EIP-1559, Ethereum a commencé sa conversion progressive d’un modèle de Tokenomics basé sur le mining à un modèle basé sur le staking.

Ethereum est né comme un modèle inflationniste, car le mining crée toujours de nouveaux coins d’Ether et il n’existe pas d’offre maximale définie. Le processus de burn a débuté avec la mise à jour de 2021, à savoir le retrait méthodique de coins de la circulation.

Lorsqu’Ethereum 2.0 sera terminé, le modèle sera similaire à celui de n’importe quelle blockchain PoS. Le coin burn se poursuivra, tandis que la génération de nouveaux coins interviendra uniquement par staking et sera au moins réduite de moitié.

Modèle Dual-token

Dans quelques cas pertinents, la Tokenomics est basée sur deux tokens dans la même blockchain. Il existe des exemples célèbres comme MakerDAO avec MKR et DAI, ou Terra avec LUNA et UST (et autres stablecoins).

Il s’agit généralement de la combinaison d’un jeton de valeur, comme un stablecoin, avec un jeton utilitaire ou de gouvernance. Le but de ce modèle est généralement de prendre en charge les applications DeFi, comme par exemple les prêts décentralisés.

Cas d’utilisation

En parlant de DeFi, un élément de plus en plus pertinent de la Tokenomics est l’utilité du jeton en question.

De nombreuses applications décentralisées fleurissent, chacune alimentée par des tokens différents. Ces Dapp sont les cas d’utilisation auxquels nous faisons référence.

En cas de succès, le cas d’utilisation est un facteur qui alimente la demande. Le staking et la participation à la gouvernance peuvent également être des cas d’utilisation ayant une incitation positive.

Il est certain que si nous avons à faire à des tokens utilitaires, ou à des tokens utilisés dans de nombreux dapps, leur économie sera plus complexe.

Aspects juridiques de la Tokenomics

Une dernière chose à observer pour ne pas risquer d’être vaincu par la Tokenomics, est de s’assurer que le projet est à l’abri des attaques judiciaires de la part des régulateurs. Pour cela, le token ne doit pas être une security, c’est-à-dire avoir le rôle d’une action de la société qui l’émet. Si c’est le cas, il faut effectuer les démarches nécessaires et disposer des autorisations délivrées par les autorités locales, comme la SEC aux États-Unis ou la Consob en Italie.

Sur ce site, on peut trouver les principales cryptomonnaies évaluées de 1 à 5, où 5 indique une forte probabilité d’être analogues à des securities.

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