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Anatoly Yakovenko et l’idée de Solana

15 février, 2022

8 min

Anatoly Yakovenko et l’idée de Solana
débutant

Anatoly Yakovenko, le créateur du protocole innovant Proof-of-History de Solana, est un ingénieur aussi génial que réservé. Bien que cela ne reflète pas le stéréotype du beach boy, c’est son passé de surfeur qui donne son nom à la blockchain.  

The American Dream : Anatoly le soviétique

La date de naissance d’Anatoly Yakovenko est inconnue, une grande partie de sa vie privée est entourée de mystère, comme il sied à un expert en cryptographie. En dépit de cela, nous pouvons remonter ses origines ex-soviétiques à ce qui est aujourd’hui l’Ukraine.

Son histoire raconte le « rêve américain » du point de vue d’un immigrant fonceur, passionné par le travail difficile. Le petit garçon soviétique, avec le stéréotype du « businessman » en tête, fit, en effet, ses premières expériences entrepreneuriales à l’université, en créant la start-up Alescere, qui n’a malheureusement pas survécu à la bulle Internet

Le projet, qui s’est arrêté en 2003, concernait la technologie VOIP (Voice over IP), c’est-à-dire la transmission de la voix à travers le réseau internet, que nous utilisons encore aujourd’hui pour les appels. L’intérêt pour les protocoles (SIP et RTP) et les connexions p2p sera utile pour la création de Solana.

L’ingénieur de Qualcomm

Diplômé en Computer Science à l’université de l’Illinois (Urbana-Champaign) en 2003, il débuta sa carrière comme ingénieur chez Qualcomm, jusqu’en 2016.

Parmi les nombreux produits et services développés, nous pouvons citer les applications de Réalité Augmentée et Virtuelle, les appareils photos 3D, les systèmes d’exploitation pour la téléphonie mobile et les composants pour les services Push2Talk. 

Avant de fonder Solana Labs en 2017, il a travaillé comme ingénieur logiciel chez Mesosphere, devenue aujourd’hui D2iQ et Dropbox, en se concentrant surtout sur le développement de systèmes distribués

Ces expériences, comme l’explique la section « histoire » de solana.com, lui ont appris qu’« une horloge fiable rend la synchronisation du réseau très simple »

Proof-of-History : le temps est relatif à SHA-256

Soudain une idée a jailli dans la tête d’Anatoly : utiliser la fonction cryptographique de hash SHA-256, typique du Bitcoin, pour dépasser les limites de l’évolutivité des blockchains. Cela permettrait d’économiser le temps nécessaire pour parvenir à un consensus sur l’ordre des transactions. 

Son protocole chronométrique, dénommé Proof-of-History (PoH), attribue un horodatage cryptographique à chacune des transactions, de manière à « conserver l’heure » selon un référentiel unique et artificiel. 

La description du protocole PoH est organisée dans un livre blanc, publié en novembre 2017. Cette innovation permettra de dépasser 6-15 tps (transactions par seconde) de blockchains telles que Bitcoin et Ethereum, sans recourir au sharding ou à des solutions de Couche 2 comme le Lightning Network. Le PoH rendra Solana évolutif et compétitif pour les systèmes de paiement centralisés tels que Visa, capable de supporter 65 000 tps, « simplement » en accordant les nœuds sur l’ordre temporel.

Anatoly Yakovenko produits experiences Solana

Solana : la blockchain née entre la soie et la mer

Ainsi, Anatoly, Greg FitzGerald et Stephen Akridge, deux collègues de Qualcomm, avec 3 autres ingénieurs (provenant de Google, Microsoft et Apple), ont construit un prototype de blockchain qu’ils ont baptisé Silk (soie) et fondèrent la société Loom (métier à tisser), en prévoyant de mêler toutes les transactions du monde dans une seule blockchain. Mais, à la même époque, un autre projet avec le même nom, une Couche 2 pour Ethereum, a été publié.

L’équipe décida donc une opération de rebranding : le 28 mars, l’organisation est apparue sous le nom de Solana Labs sur GitHub, renommant le projet Silk en Solana

Le livre blanc de Solana, continuellement mis à jour depuis la première implémentation, présente plusieurs mécanismes de consensus et protocoles innovants : Turbine, Gulf Stream Protocol, Sealevel, Pipelining Infrastructure, Cloudbreak Protocol. Ces noms curieux appartiennent tous au domaine sémantique de l’eau, pourquoi ?

L’origine de Solana est la mer de Solana Beach, une ville au nord de San Diego, en Californie, où Anatoly et ses collègues Greg et Stephen ont vécu et surfé durant les 3 années où ils travaillèrent chez Qualcomm. 

La « biodiversité » de l’écosystème Solana

La version bêta du Mainnet, le réseau principal de Solana, a été lancée en mars 2020 et est depuis, en constante évolution et mise à jour.

Initialement, Solana n’était qu’en mesure d’effectuer des transactions et prendre en charge de simples smart contracts. Aujourd’hui, en revanche, de nombreuses fonctions sont disponibles, dont les récompenses de staking (à partir du 11 février 2021), ainsi qu’un océan de DApp construites grâce à son protocole. 

Parmi elles nous trouvons notamment des projets DeFi comme Mango, Orca et Serum, un exchange décentralisé (DEX) ultra-rapide, fondé par Sam Bankman-Fried (PDG d’Alameda Research), l’un des premiers soutiens de Solana.

L’écosystème de Solana est également peuplé de protocoles de prêt (Apricot Finance, Solend et bien d’autres), de places de marché pour NFT (Solanart, Solsea, Magic Eden et autres) et d’applications du Web3 comme le navigateur Brave et Grape, un protocole pour construire des communautés basées sur des tokens.

Solana lui-même, tout comme Avalanche, investit personnellement dans l’innovation et les technologies décentralisées : c’est la raison pour laquelle « The Solana Foundation » a été créée le 8 avril 2020.

La Solana Foundation : mission liberté 

En transférant 167 millions de SOL, avec toutes les adresses IP liées au protocole, à la Fondation Solana, Solana Labs annonça la naissance de l’organisation. Les fonds de la Foundation Solana sont utilisés pour organiser des campagnes de marketing et d’incitations, pour soutenir et développer encore plus Solana.

En tant que président de la Foundation Solana, Anatoly Yakovenko a en effet une vision claire : un monde décentralisé, où les individus peuvent être maîtres de leurs données et administrateurs de leurs finances en pouvant transférer de la valeur via le réseau Solana sans parties tierces.

Rappelant la naissance du WWW (World Wide Web), Anatoly explique comment l’idée initiale de liberté, de partage et de confiance a été troquée pour la sécurité et l’autorité des systèmes centralisés. Selon le PDG de Solana, l’égalité numérique, la vie privée, la résistance à la censure et l’accessibilité aux services ne peuvent être garanties que par des technologies décentralisées, renouvelant ainsi l’idée d’origine du web.

Cette volonté de libération globale alimente l’engagement de la Solana Foundation, qui accélère ainsi l’innovation du protocole et l’expansion du réseau de Solana à travers les initiatives suivantes :

  • Des incitations pour peupler la mer de Solana d’autres « poissons » et accueillir d’autres projets dans son port 
  • L’éducation sur les technologies décentralisées
  • Le développement et le renforcement du protocole pour éloigner les hackers et ouvrir des voies vers d’autres blockchains interopérables
  • La recherche sur des thèmes essentiels à la décentralisation, comme la cryptographie, les algorithmes de consensus et la gouvernance 

Là où tout le monde voit une « piscine » Solana voit la mer. Prêt à naviguer ?

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