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Play-to-Earn : comment fonctionne le gaming sur la blockchain

10 octobre, 2022

9 min

Play-to-Earn : comment fonctionne le gaming sur la blockchain
débutant

Qu’est-ce que le “Play-to-Earn” (ou P2E) ? Une chance pour les joueurs de transformer le plaisir en profit, mais surtout d’avoir le contrôle de leur expérience de jeu. Dans le crypto-gaming, chaque épée est un NFT et les récompenses sont en cryptomonnaies, toutes détenues par les joueurs grâce à la technologie blockchain. Découvrons le fonctionnement du Play-to-Earn, ses avantages et comment gagner avec le crypto-gaming, au sein de cet environnement appelé Gaming Finance, ou GameFi.

Qu’est-ce que le “Play-to-Earn” (P2E) : histoire de l’économie du jeu

Des jeux qui paient en crypto : ça ressemble à un rêve, mais c’est la réalité du Play-to-Earn. La possibilité de recevoir des récompenses tout en s’amusant n’est cependant pas une nouveauté introduite par le Web3 et la blockchain. Le Crypto gaming est la version plus moderne du Play-to-Earn (P2E), et fait d’ailleurs partie de GameFi (Gaming Finance). Par contre, c’est le résultat d’un parcours qui a commencé dans le monde physique, avant même les jeux en ligne.

Nous parlons d’un changement de paradigme du “gaming”, d’un renversement des rapports de force. Aujourd’hui, les cryptos Play-to-Earn permettent aux joueurs de véritablement contrôler leur expérience de jeu, en redonnant le contrôle aux utilisateurs. Les aventures des utilisateurs dans ce nouveau modèle de “gaming economy“, sont indépendantes des entreprises, mais surtout elles peuvent être monétisées. Grâce aux NFT et aux cryptos, les gamers ne perdent pas du tout de temps, mais gagnent de nouvelles ressources. Peut-être encore plus important que les récompenses, les gamers ont gagné en liberté. Approfondissons un peu, pour comprendre ce qu’est le “Play-to-Earn”, il faut revenir sur l’histoire des jeux vidéo.

Pay to Play : Pac-Man et tokens

Les arcade games, logés dans des cabines d’arcade, représentent le tout début du gaming, la première version grand public des jeux vidéo. Pac-Man est un exemple de Pay-to-Play : chaque session de jeu coûte un token, dans l’espoir de battre le record dans le temps imparti. Les tentatives limitées par le paiement définissent ce type de jeu comme étant coin-op“, ou “à pièces”.

L’avènement des jeux en ligne a réintroduit ce modèle. World of Warcraft exige le paiement d’un abonnement mensuel pour participer à des aventures de jeu de rôle. Les participants aux Pay-to-Play modernes n’ont cependant jamais été propriétaires de leurs progrès. En effet, le contenu des jeux traditionnels est stocké dans des bases de données centralisées, contrôlées exclusivement par les sociétés de gaming. Les joueurs paient pour une expérience dont la valeur ne leur appartient pas et sur laquelle ils n’ont aucun pouvoir de décision.

Fait amusant

Vitalik Buterin a remarqué “les horreurs des systèmes centralisés” dès World of Warcraft. Il a arrêté de jouer après que son personnage ait été délibérément privé d’une fonction puissante. C’est précisément cet événement qui, selon certains, l’a motivé à créer le protocole décentralisé qu’est Ethereum.

Free-to-Play : battle pass et skins

Le Free-to-Play a supprimé les barrières à l’entrée, offrant un divertissement gratuit pour tous. Les jeux mobiles ont répandu ce modèle de manière exponentielle, mais les exemples les plus connus sont sur PC ou consoles. Jouer à League of Legends ou Fortnite est gratuit, car les revenus des développeurs proviennent de la vente de contenu premium, comme des défis supplémentaires (battle pass) ou des personnalisations d’avatars (skins). Ces derniers n’ont qu’une valeur esthétique, et ils existent exclusivement au sein de la plateforme. Tous les actifs du jeu sont uniquement “prêtés aux joueurs, qui n’en disposent pas librement (ils ne peuvent donc pas les vendre ou les échanger). L’expérience reste soumise au contrôle de la société de développement et n’est pas récompensée par des incitations économiques.

Comment le Play-to-Earn fonctionne : Crypto Gaming

L’histoire de l’économie du jeu remonte au début des années 2000 : le “Play-to-Earn” est né lorsque certains jeux “Free-to-Play”, tels que Second Life et Runescape, ont donné naissance à de véritables marketplaces d’objets de jeu. Les accessoires et les terrains de ces mondes virtuels (les premiers exemples de metaverses) pouvaient être vendus entre les joueurs en échange d’argent réel ; ces transactions avaient toutefois lieu en dehors de l’infrastructure du jeu. L’absence de réglementation ouvrait le risque d’ingénierie sociale : ces échanges étaient souvent l’occasion de tricher, car ils ne bénéficiaient pas d’un adossement sécurisé.

La possibilité d’un retour financier a toutefois défini ces jeux comme P2E, bien qu’aucun joueur ne soit réellement propriétaire des ressources échangées et que les paiements ne soient pas protégés. La blockchain a fourni la solution, faisant évoluer le concept P2E : un grand livre partagé et immuable qui suit et certifie les échanges, n’enregistrant que les transactions valides. En outre, les smart contracts, des codes automatisés sur la blockchain, peuvent programmer des marketplaces virtuels où les achats et les ventes peuvent enfin avoir lieu de manière transparente et décentralisée.

Pourquoi choisir les jeux vidéo crypto ? Voici quelques-uns des avantages du play-to-earn fournis par la blockchain, en plus de la sécurité :

  1. Tout objet du jeu peut être transformé en token non fongible (NFT) : la propriété d’un objet donné peut être enregistrée dans un smart contract. Les NFT sont une reconnaissance des efforts des joueurs, qui peuvent ainsi être propriétaires de leurs gains simplement en stockant leurs tokens dans un portefeuille.
  2. Les NFT sont permanents : ils survivent aux arrêts des serveurs précisément parce que la blockchain les rend indépendants du jeu. De plus, la modularité des codes des smart contracts et linteropérabilité entre les différents protocoles leur permettent d’être compatibles avec de nombreux jeux, augmentant ainsi leurs cas d’utilisation.
  3. Les joueurs peuvent monétiser leur progression : les NFT existent indépendamment au-delà des limites du jeu. Ils ont une valeur réelle et peuvent donc être vendus, même sur des marchés secondaires (comme OpenSea).
  4. La valeur des actifs de jeux tokenisés dépend principalement de leur rareté : les NFT sont parfois uniques, ou en tout cas produits en quantités limitées. La rareté est la pierre angulaire des jeux crypto,
  5. Les tokens peuvent donner à leurs détenteurs des droits de vote sur le développement de la plateforme de jeu ou d’une expérience de jeu individuelle. C’est ce que l’on appelle la gouvernance décentralisée dans le monde des cryptomonnaies, qui est essentielle pour impliquer les utilisateurs et répartir les pouvoirs de décision.

Comment gagner avec les Play-to-Earn ?

Les NFT ne sont pas les seuls tokens qui servent d’incitation dans les Play-to-Earn. Les crypto-games peuvent émettre des tokens utilitaires sur une blockchain développée par la même équipe. Par contre, il est plus courant de s’appuyer sur des smart contracts sur d’autres blockchains pour créer une tokenomie de jeu propre. L’économie du jeu est l’outil par lequel les joueurs peuvent exercer leur volonté, dans un écosystème qui reconnaît l’effort et la compétence : c’est la méritocratie P2E qui, couplée aux modèles DeFi, a donné naissance à GameFi.

La finance décentralisée (DeFi) offre aux utilisateurs de cryptos plusieurs solutions Play-to-Earn. Plongeons dans un exemple de blockchain gaming: Axie Infinity. C’est le modèle le plus célèbre de la GameFi : un jeu vidéo basé sur la blockchain dans lequel tu peux partir à l’aventure avec des Axies.

Les Axies, les objets du jeu et même les terrains (Land) du metaverse d’Axie Infinity peuvent être vendus comme des NFT, mais ce n’est pas la seule forme de récompense. Les incitations de l’écosystème reposent également sur la tokenomie de deux cryptomonnaies : Axie Infinity Shard (AXS) et Smooth Love Potion (SLP). AXS et SLP, étant des tokens ERC-20, peuvent être vendus sur des exchanges centralisés, comme Young Platform, ou versés dans des pools de liquidité DEX comme Uniswap.

Fait amusant

C’est Andre Cronje, le créateur de Yearn Finance, qui a popularisé le terme GameFi, via un tweet en septembre 2020, mais l’origine pourrait être antérieure.

L’achat et la vente de tokens n’est cependant pas le seul moyen de gagner de l’argent avec les Play-to-Earn. Les NFT tels que les Axies, ou les objets rares, peuvent être prêtés pour permettre à d’autres utilisateurs de participer aux jeux-crypto , tout en recevant des récompenses en retour. C’est l’objectif de la Yield Guild Games, une DAO qui prête des NFT aux joueurs qui ne peuvent pas en acheter, car ils sont parfois très chers. Les récompenses P2E peuvent également faire l’objet d’autres stratégies de Yield Farming, telles que le lending, le liquidity mining et le staking, sans oublier les processus de gouvernance susmentionnés.

L’avenir des Play-to-Earn : jouer avant de gagner

Axie Infinity est à nouveau un bon exemple pour comprendre les perspectives du secteur. Fin 2021, la plateforme de jeux crypto a connu une croissance exponentielle du nombre d’utilisateurs, reflétée par la hausse du prix du token AXS. Cependant, outre la situation générale du bear market, l’euphorie est vite retombée et la valeur des tokens et des NFT liés au jeu Play-to-Earn s’est effondrée. Cela est dû au fait que certains utilisateurs n’étaient intéressés que par les récompenses. Ils ont exploité le jeu comme un simple protocole de Yield Farming, l’abandonnant après la vente des tokens et faisant ainsi du jeu une composante marginale.

Le cœur de la GameFi reste cependant l’expérience de jeu. Les avantages du play-to-earn enrichissent le jeu vidéo de nouvelles possibilités, mais le jeu doit être le protagoniste et l’expérience doit être attrayante même sans incitation monétaire. Les plateformes de jeux blockchain Sandbox, Decentraland et Gala Games semblent avoir compris le message, en accueillant des développements de jeux et des expériences qui donnent la priorité au plaisir des joueurs.

L’avenir du Play-to-Earn, dans une optique de plaisir de l’aventure, passe aussi par l’aspect visuel. Dans les jeux-crypto comme Illuvium (Immutable X) et Star Atlas (Solana), l’expérience triple A, basée sur la qualité du moteur graphique Unreal Engine 5, occupe le devant de la scène et prend le pas sur les possibilités de gain.

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